lundi 27 juillet 2009

10 - 26 : Prophétie


10 – 26



- « Il te faudrait te faire face pour réaliser ce que tu es vraiment car tu as fini par t’auto persuader que tu n’étais qu’un reflet changeant selon le gré de celui qui te considère, des lumières ou des atmosphères. Non. Tu ne dois jamais te laisser convaincre par un autre. Tu dois être convaincue. Tu ne dois pas être aux yeux des autres. Tu dois exister. Il te faudrait faire la différence entre être et servir la vie. Voilà pourquoi il est un devoir de rejeter le magma des pensées préconçues et des systèmes préétablis afin de s’ébrouer de ces peaux mortes et de pouvoir remettre les choses perpétuellement en question. Il n’y a que l’action qui t’évite la dépression, le stress et le marasme. L’Univers lui-même se nourrit de nos multiples évolutions. Celui qui s’en remet totalement à un autre est perdu pour lui-même. L’acceptation est une forme de stagnation. Tu es comme une graine plantée trop profondément qui tarde à emprunter le chemin de la lumière pour s’élever. La graine ignore qu’elle pourrait se transformer si elle voulait tendre vers le haut, or, tant qu’elle ne ressent que l’obscurité, elle demeure repliée sur elle-même. Elle est présente, pourtant elle ne se développe pas. Elle n’offre que sa perspective au reste du monde, pas de racines, pas de tiges, pas de feuilles, encore moins de fleurs ou de fruits. Il faut affronter la matière pour naître. Il faut se livrer un combat intime dès lors que l’on souhaite progresser. La révolte est une révolution. Une révolution est un mouvement, donc une avancée. Il te faudrait vaincre tes peurs d’enfant sage. Il te faudrait t’opposer à tout ce que l’on t’a appris. Tu devrais faire un tri instinctif entre ce que tu ressens, ce qu’on t’a permis de manifester et ce qu’on t’a obligé à taire. Qui es-tu, nue d’apparence, le sais-tu seulement ? Tant que tu ignores ce que tu es réellement, tu es dans l’incapacité de déceler ce qui t’est nécessaire ou ce qui t’encombre. Tant que tu n’as pas conscience de toi-même tu voles tout aux autres, rien ne t’appartient, rien ne peut te consoler ni t’affranchir. Tant que tu te laisses bercer de fables, tu es faible. Tu dois te surpasser pour générer des idées et produire des choses. Tu dois créer pour remercier d’avoir été créée, aussi pour comprendre ton créateur et t’en détacher dans le but de t’accomplir. Mais pour créer, il faut souvent un pôle positif et un pôle négatif, une rencontre, une opposition salutaire… »



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lundi 20 juillet 2009

10 - 27 : Prophétie


10 – 27


Je l’écoutais et ses paroles m’échappaient tandis qu’elles s’évadaient de sa bouche en escadrons mobiles. Mes yeux s’embrumaient. Mes paupières étaient lourdes. Sa voix semblait de plus en plus légère. Mes iris huileux s’évanouissaient sous l’ombre de mes cils. Des mots. Des mots... Et le poids de la nuit, le soudain épuisement. Je luttais. Je luttais. Je ne luttais plus.

Si j’avais pu imaginer !


D’abord, je n’ai rien compris. J’ai juste trouvé que les choses étaient bizarrement agencées. Je regardais la pièce d’en haut comme si j’étais montée sur un escabeau. Je continuais à l’écouter et la fatigue avait disparu.

- « Ma petite graine, je vais t’aider à trouver la voie vers le ciel. Tu vois ce long tunnel sombre, je vais te permettre de le parcourir, au bout, tu trouveras la lumière salvatrice. »

J’ai trouvé cette phrase suspecte et je me suis vue. J’étais étendue entre les coussins. David était assis auprès de moi. Il m’a mis une petite claque. Je n’ai guère réagi. Puis il m’a asséné un coup sec qui m’a presque ouvert la joue. Je n’ai pas réagi. J’ai paniqué à voir mon corps sans défense livré à cet étranger. D’ailleurs comment parvenais-je à m’observer de l’extérieur ? J’ai voulu descendre de l’escabeau. Je n’ai pas pu.




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lundi 13 juillet 2009

10 - 28 : Prophétie


10 – 28



- « J’ai l’impression que la tisane verveine-camomille-gardénal t’a été bénéfique, mais la kétamine t’a définitivement détendue ! Tu dors comme un mort ma jolie fleurette ! »

Il embrassait ma dépouille.

- « Grâce à moi, tu vas connaître la vérité. Ne t’avais-je pas promis un avenir meilleur ? Tout à l’heure tu ne seras plus l’esclave de la société actuelle. Je vais t’affranchir. Veux-tu que j’ouvre ta cage de serin ? Je sais que tu aurais voulu ce qui m’importe… »

Il replaçait mes cheveux vers l’arrière. Mon animal s’était réveillé, il venait d’aboyer. David se leva, sortit du périmètre. Lorsqu’il revint, Monsieur était avec lui. Mon chien galopa jusqu’à mon organisme inanimé. Il le respira et le battement joyeux de sa queue ralentit. David était parti chercher la laisse qu’il avait dû remarquer dans l’entrée. Monsieur eut un doute, mais l’idée d’une promenade fut proposée et le chien se résigna devant le collier.

- « Assis ! Pas bouger ! Attends-moi là, je reviens de suite. Je vais couvrir ta maîtresse, qu’elle n’attrape pas froid en se reposant. »

David était reparu seul, Monsieur patientait à la porte.


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lundi 6 juillet 2009

10 - 29 : Prophétie


10 – 29



Il s’était penché au-dessus de mon corps pourtant j’observais toujours la scène depuis un angle du plafond.

- « C’est le moment que je préfère. Tu es superbe dans ta robe de dentelle. Sais-tu à qui elle appartenait ? À ma mère. Cette femme qui m’a fait tant souffrir. Elle collectionnait les toilettes. C’était une très belle créature. Les hommes en étaient fous… »

C’est toi qu’elle a aliéné !

- « Elle a été la première… C’est elle qui est à l’origine de tout cela ! »

Il s’agitait et ses propos bifurquaient en échos incohérents. Il était parti fouiller sa sacoche.

- « Les autres étaient-elles nécessaires ? Elles m’ont toutes convié. Elles m’espéraient toutes. Chacune rend hommage à une facette de ma mère, une par robe. Manque de chance pour toi, l’armoire de sa chambre n’était pas encore vide ! »

Il avait sorti une bouteille en plastique et il m’aspergeait. Je ne me réveillais pas. Il est retourné prendre une seconde bouteille et il a continué son manège, imprégnant le tapis, les rideaux, les boiseries. Mon esprit impuissant ne parvenait qu’à tourner sur lui-même. Ensuite, il a regroupé autour de moi les produits ménagers, les bombes, les aérosols, tout ce qui pouvait porter la mention « produit inflammable ».


J’essayais de retenir ma respiration, or, force fut de constater que je ne respirais plus. Il avait fini par s’asseoir. Une certaine lassitude teintait son expression. Il avait sorti un étui de sa veste dont il avait tiré une cigarette.





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