lundi 28 juin 2010

8 - 17 : Chacun sa Croix


8 – 17

Elle ressort vingt minutes après, rouge et déconcertée. Elle n’ose plus descendre, aussi s’assied-elle sur le bord du lit. Victor lui tourne le dos, il semble avoir du mal à se remettre de sa performance. Il cherche l’air bruyamment.
- « Est-ce que ça va ? »
Il répond avec difficulté :
- « Juste un mal de crâne. Je vais me reposer. »
- « Tu rigoles, tu ne vas pas me planter toute seule en galère ! »
- « Quelle galère ? Il y a ton mec en bas si tu as un problème ! »
« Quelle ironie ! »
Elle l’attrape par le bras et le secoue.
- « Tu me fais mal. J’ai une crampe. J’ai dû prendre une mauvaise position. »
Élisa sent la colère monter et elle quitte la pièce dans un excès d’humeur. Elle dévale l’escalier. Tom et Vanessa sont assis sur le divan et lui sourient, les cheveux en bataille.
- « On rentre ! » jette-t-elle à Tom tout en les évitant. Il embrasse silencieusement Vanessa avant d’emboîter le pas à sa compagne.


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lundi 21 juin 2010

8 - 18 : Chacun sa Croix


8 – 18

Arrivés dans la rue, ils traquent mentalement la moindre réaction de l’autre en simulant l’indifférence. Mais après s’être confinés à l’intérieur de la voiture, l’espace se met à manquer presque autant que l’air. Élisa entrebâille sa vitre et plonge la tête vers le vent qui vient lui fouetter les idées et lui humecter les iris. Les ombres se font rares aux coins des avenues, la ville sommeille tamisée par les halos orangés des réverbères. Tom traverse la capitale fluide.
Élisa ne ressent plus rien que ce courant d’air qui la saisit. Il se gare, elle lui lance un coup d’œil.
« Il est couvert de paillettes ! »
Ils s’ignorent jusqu’à la porte d’entrée. Le téléphone commence à sonner. Tom cherche désespérément ses clefs dans sa poche. Le téléphone rage de l’autre côté de la porte. Il supplie Élisa de farfouiller dans son sac et de trouver son trousseau. Elle sort son agenda. Le téléphone gémit. Elle trouve son paquet de mouchoirs. Le téléphone s’égosille. Tom trépigne. Élisa trouve enfin ! Ils entrent. Le téléphone se tait.

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lundi 14 juin 2010

8 - 19 : Chacun sa Croix


8 – 19

- « C’est pas vrai ! »
- « Il en est toujours ainsi. »
Mais la sonnerie reprend sans tarder. Tom décroche comme s’il en dépendait de sa vie.
- « Allô ? »
Il écoute avec attention. Il ne répond pas.
« Je suis sure que c’est elle. Elle souhaite savoir si son amant est bien rentré. »
Élisa se torture moralement.
« Pourquoi reste-t-il bouche bée ? Puisqu’elle lui fait un effet pareil, je ferais mieux d’aller me coucher ! »
- « J’arrive tout de suite. Où ça ? Es-tu certaine ? »
Élisa se dresse :
« J’espère qu’il plaisante ! »
- « Attends-moi ! J’arrive ! »
Tom raccroche. Élisa fulmine.
- « Il faut que j’y aille. »
- « C’était elle, n’est-ce pas ? »
- « Oui. »
- « J’osais espérer que nous nous en tiendrions à cette unique expérience or force est de constater que dans ton esprit malade, tu considères désormais cette situation malsaine comme établie ! »
Tom l’agrippe fermement par les avant bras, son regard est fou, il s’évertue à cracher ses paroles :
- « Victor a fait une crise cardiaque. IL EST MORT! »

lundi 7 juin 2010

9 - 1 : L'étoile flamboyante


9 – 1

L’ÉTOILE FLAMBOYANTE


Nous sommes nés dans cette maison de 1894, miraculeusement édifiée par un riche agriculteur entre la guerre de 1870 et celle de 1914. Nous étions fiers de la belle demeure qui trônait à Villiers-sur-Marne en banlieue parisienne, entre la gare et l’avenue principale qui remontait jusqu’à la mairie. Nos jeunesses ont animé la bien nommée rue du Bois-Saint-Denis, à l’époque le bois existait encore et longeait les voies ferrées.

Firmin et Gérôme sont nés à droite de l’escalier central, Léon et Auguste sont nés à gauche, rien n’aurait pu changer cet état de fait.


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