lundi 26 juillet 2010

8 - 13 : Chacun sa Croix


8 – 13

Elle reste figée telle une poule devant un couteau où elle finit par percevoir sa réflexion totalement démunie. Elle lève des yeux perdus vers Tom qui se veut rassurant en venant lui caresser le mollet de la pointe du pied sous la table. Victor lui frôle le bras en l’encourageant :
- « Un pour tous, tous pour un ! »
- « Ne sois pas inquiète, tu es en lieu sûr et surtout tu es bien encadrée. »
Élisa se tâte encore, mais ils insistent tellement, et puis tout a été si parfait jusqu’à présent. Elle se laisse influencer et pique du nez sur le miroir, armée de sa paille dorée elle inspire le toxique timidement et se met à attendre sa transformation. Rien n’intervient. Bizarre.
« Ce ne doit pas être si terrible que ça. »
- « Regagnons le salon si vous voulez. Nous pourrons mieux nous détendre. »
Les hommes en profitent pour batailler à grand renfort de vaporisateur à bonsaïs. Vanessa sélectionne « lounge » dans la bibliothèque musicale de l’ordinateur, dès lors des nappes mélodiques envahissent la pièce. Une rythmique africaine accentuée par des intonations électroniques, une voix, un refrain, les tintements d’un singulier triangle. Élisa qui a trouvé sa place sur un canapé est prise d’une bouffée de chaleur. Elle souffle sur sa frange et le miroir l’attend. Ce miroir qui traverse le salon et le transforme en Palais des Glaces. Ils s’agitent, ils parlent de plus en plus et de plus en plus vite, ils sont moites, ils sont bien, ils font corps avec la musique. Leurs sensations se décuplent, esclaves de la stimulation de leurs endomorphines, ils se complaisent langoureusement dans leur vice et dopent leurs hypothalamus.


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lundi 19 juillet 2010

8 - 14 : Chacun sa Croix


8 – 14

Un solo de guitare, une orchestration structurée, une ambiance harmonieuse. Les quatre s’équilibrent quelque soit le débat ou l’agitation du moment. Élisa s’emballe sans même s’en rendre compte. Ses pupilles dilatées sont en suractivité. Elle serre les dents tout sourire. Ils batifolent indifférents aux réalités de l’existence, voués à la passion, à la flûte et au gong. Il est tard, ils ne sont guère fatigués. Les titres des morceaux de musique continuent à défiler sur l’écran multimédia et les sons opèrent leurs magies impalpables.
Élisa se fait indiquer les toilettes. Vanessa et Tom entament la lecture du manuscrit de Victor qui en profite pour écrire un mail.
Élisa monte l’escalier vert et débouche sur l’étage des chambres.
« Deuxième porte sur la droite. Bonne indication. »
Elle n’en peut plus, pourtant elle ne parvient pas à se soulager, comme déconcentrée par un bruit sans importance, une sorte de froissement ou quelque chose dans ce goût-là. Un piano retentit en bas, ce n’était rien, elle se relâche dans un soupir. Elle tire la chasse et s’apprête à sortir, quelqu’un l’attire d’un coup et la rabat contre le mur du couloir : Victor !


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lundi 12 juillet 2010

8 - 15 : Chacun sa Croix


8 – 15

Victor se renverse contre elle, la maîtrise, enserre le joli visage entre ses doigts. Il la contemple un instant avec intensité et l’embrasse fougueusement. Élisa le repousse puis l’attire, débordée par cette effusion de sensualité. Il la soulève et la replace vigoureusement contre le mur ébranlant une aquarelle. Elle ne se défend plus. Elle ondule alors qu’il découvre son corps prisonnier de ses vêtements. Les mains qu’elle s’interdisait tout à l’heure la parcourent, la palpent, l’attisent. Le regard profond qui la découvrait au cours de la soirée est désormais vitreux de désir. Les mots ne franchissent plus ses lèvres enflées d’érotisme. Sa respiration qui s’accélère conditionne celle d’Élisa à s’exalter. Une armée d’archets s’immisce dans le couloir les refoulant vers une chambre toute proche aux sons des violons. Ils se précipitent sur le lit. Ils se gavent des arômes de l’autre dans l’urgence de l’excitation et du délit. Victor se montre plus ferme dans ses intentions. Il veut connaître ce sexe mystérieux, ses doigts fouillent la terre humide qu’il veut fertiliser. Violons. Ils chevauchent irrités par le musc et la sueur. La musique s’arrête. Élisa alertée rouvre les paupières malgré les saccades.

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lundi 5 juillet 2010

8 - 16 : Chacun sa Croix


8 – 16

« Han ! » »
Puis encore :
« Han ! »
Élisa se crispe.
- « Tu as entendu ? »
Victor change d’orientation, il la dévisage en la pénétrant avec application, mais elle resserre ses cuisses et insiste :
- « Tu as entendu ? »
- « Oui, sans doute Tom et Vanessa… »
Il la caresse, la respire, la savoure. Il sait qu’elle est en train de comprendre, qu’en cette minute elle est parcourue de frissons contraires, d’envie et de dégoût. Un nouveau cri discret. Élisa fixe la croix grecque à la tête du lit. Victor tente de la faire revenir par de gourmandes morsures.
« Deux lignes, quatre points, une fusion. Aïe ! »
Elle clôt les yeux. Ça revient. Elle se contracte. Victor se tend comme un arc, il jouit en se saisissant la poitrine puis se laisse tomber à côté d’elle presque inconscient. Élisa l’abandonne et va prendre une douche, elle s’accroupit et se met à sangloter sous une cascade d’eau tiède. Les murs semblent vouloir l’écraser. La lumière est horrible.
« Je savais qu’il ne fallait pas venir ! »

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