lundi 27 septembre 2010

8 - 4 : Chacun sa Croix


8 – 4

Ils arrivent dans le dix-septième arrondissement. Un code, une allée entre les immeubles et, cachés au cœur de la cité, une ruelle pavée à l’atmosphère provinciale, des pavillons coquets, un hôtel particulier, il ouvre la grille, elle ne peut plus reculer.

- « Élisa, je te présente Victor. Vanessa n’est pas là ? »
- « Si, allez voir à l’étage. »
Victor disparaît dans une autre pièce après avoir simulé un coup de poing dans le thorax de Tom. Élisa suit l’escalier en colimaçon bétonné peint en vert fluo. Elle se fait penser à un insecte pris dans la tige d’une plante extra-terrestre. Elle débouche sur une pièce blanche organisée autour d’une cheminée cylindrique de la dernière technologie. Une jeune femme mince et racée lève la tête, surprise, elle vient les embrasser.
- « Tu as fini par nous l’amener tout de même ! Je finissais par douter de te rencontrer un jour… Je me permets de te tutoyer depuis le temps qu’il nous parle de toi comme de son ultime friandise ! »
Élisa sourit à cours de réponse.
- « Viens, installe-toi. J’arrive. »
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lundi 20 septembre 2010

8 - 5 : Chacun sa Croix


8 – 5

Tom est redescendu, Élisa se retrouve seule.
« Ça fait du bien. »
Des rires remontent par saccades les marches de l’escalier. Une fenêtre ouverte donne sur un jardinet, un courant d’air promène sur le mur le tissu transparent et irisé des rideaux bordeaux. L’éclairage indirect donne une ambiance d’écrin au salon. Des fauteuils boules et un canapé de couleur perle s’échouent sur un tapis chinois décoré de fleurs de lotus rouges. Élisa se dirige vers un cadre figurant une pellicule dans laquelle des photographies en noir et blanc se succèdent : la première met en scène une femme nue dont l’échine est tatouée d’ombres et de rayons solaires. Le second cliché pénètre l’intimité d’une femme occupée à sa toilette…
« Je vois le genre ! »
La troisième épreuve plus qu’évocatrice laisse supposer une fellation dissimulée sous une capeline.
La quatrième coupe le souffle d’Élisa qui reconnaît son hôtesse languissamment étendue sur une plage tropicale…
Vanessa vient justement de se glisser derrière elle.
- « Tu fais le tour du propriétaire à ce que je vois... Ces photos te plaisent-elles ?
Élisa semble s’interroger, puis elle répond faussement :
- « Elles sont assez artistiques. »


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lundi 13 septembre 2010

8 - 6 : Chacun sa Croix


8 – 6

Victor tend son manuscrit tout frais à son ami :
- « Je l’ai achevé hier. Je voudrais que tu sois le premier à le lire. »
Tom ausculte la couverture : « Aux quatre coins de l’homme ».
- « Ça me fait plaisir. Je pense que je vais le dévorer. »
- « Tu verras ça de retour chez toi, en attendant, ne finassons pas, tu connais la gente féminine ! »
Au même moment, une voix venue d’en haut s’immisce entre eux :
- « Nous n’allons plus tarder à passer à table ! »
- « Ne t’avais-je pas prévenu ? »

À la dérobée d’un paravent de laque noire, une salle à manger chaleureuse avec un accès direct sur la cuisine, du bois, de l’acier et du verre. Des bocaux de grand-mère à la théière "Mariage & Frères", rien n’a été laissé au hasard, mis à part un économe abandonné sur le plan de travail qui laisse présager d’une entrée végétarienne. Élisa déambule autour de la table dressée avec originalité.
« Tout est parfait. »
Jusqu’au fil des lampions qui traverse la table sans la rendre impraticable et l’orne d’une féerie de coquelicots éclatants assortis à des bols posés sur des présentoirs en métal près de baguettes nacrées. Les quatre sets forment un carré sur la table ronde. Des bougies neuves trônent au sein de photophores alambiqués exhalant des senteurs florales.
« Tout est décidément absolument parfait. »
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lundi 6 septembre 2010

8 - 7 : Chacun sa Croix


8 – 7

Vanessa réapparaît après s’être changée. Elle porte une splendide robe aérienne en soie sombre. Son poignet brasse l’air dans la musicalité d’un bracelet en pièces de coco vernies. Ses cheveux blonds épices savamment parsemés de paillettes mettent ses yeux en amandes mordorés en évidence.
« C’est une lionne.»
Elisa se sent exceptionnellement un peu terne, victime de son apparence. Elle porte heureusement une jupe assez sensuelle sous un pull à col roulé uni. Vanessa rejoint la cuisine et se concentre gracieusement sur ses préparatifs. Sa présence emplit l’endroit à la fois d’énergie et de douceur.
L’arrivée des hommes coupe court au voyeurisme un tantinet concurrent d’Elisa.


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