lundi 25 octobre 2010

7 - 10 : Il était une fois


7 – 10

Tout de suite, je ne pense qu’à ton corps, qu’à la façon de le faire vibrer. Je veux le découvrir, l’entendre, le posséder pour que tu t’offres et paraisses ainsi m’appartenir. Je ne pense plus. J’exalte. Je brûle. Je m’emballe, tu m’emballes. Nous quittons la terre pour l’univers organique. Dopés par le plaisir, nous connectons nos cellules autant que nos âmes. « Je et Tu » se transforment en « Nous ». Ton souffle s’engouffre dans mon oreille et m’électrise totalement. Ta peau est douce, elle sent bon, elle sent l’amour et l’abandon. Nous sommes un flux de caresses, une rivière de murmures au crépuscule naissant. Le bel aspect de ton sexe me rappelle que le triangle est l’origine de la création de toute forme. Nous ployons sous les sensations, esclaves de nous-mêmes comme de l’autre. Nous nous mêlons jusqu’à former un être entier. Rayonnants d’oubli, nous suivons l’appel de la nature jusqu’à trouver le néant, l’accompli, le repos méritoire.

Toi, moi et l’amour, nous avons fini par faire trois. De nos deux extrêmes est né ce médiateur qui nous ressemble sans nous appartenir et qui teste journellement notre lien, cet enfant conquérant de ton ventre qui a capturé nos vies.

lundi 18 octobre 2010

8 - 1 : Chacun sa Croix





8 – 1


CHACUN SA CROIX



Élisa lèche soigneusement le collant de sa feuille de papier à cigarette puis l’applique perpendiculairement à une seconde feuille.

« Je ne veux pas les rencontrer. Pourquoi faut-il qu’il me le propose sans arrêt ? »
Maintenant, elle brûle rapidement son morceau de résine de cannabis et le brise entre ses doigts pour l’émietter sur son magazine de mode.

« Si je me souviens bien, il s’agissait de ce soir dernier carat… Je remets depuis un bon moment ma rencontre avec ses amis… Pourquoi devrais-je me fader son passé au travers de leurs petits regards entendus et de leurs ricanements complices ? »
Elle mélange les copeaux bruns verts au tabac et glisse le tout dans son collage. Elle rumine intérieurement en roulant son énorme cône. Elle frotte la pierre de son briquet et allume son calumet. Le bout rouge crépite tandis qu’elle tire une grosse bouffée, une épaisse fumée s’évade mêlée à l’arôme un peu âcre du pollen.
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lundi 11 octobre 2010

8 - 2 : Chacun sa Croix


8 – 2

Tom vient d’entrer avec dynamisme dans l’appartement.
- « Alors, es-tu prête ? »
Élisa, les yeux mi-clos, le contemple depuis la chauffeuse. Elle lâche dans un râle une volute de fumée aux dessins complexes.
- « Je vois ! J’imagine que tu as décidé de te défiler encore une fois ? »
- « Non, non, j’ai juste pris un peu de retard… Je vais me préparer. Il n’y a pas d’urgence rassure-moi ? »
Elle lui tend le joint qu’il s’empresse de saisir et d’aspirer. Elle pousse un soupir d’éreintement mais parvient tout de même à s’extraire du confort anesthésiant des voluptueux coussins. Elle file vers la salle de bain alors qu’il sombre inconsciemment derrière elle dans une position favorable à la sieste.

- « Finalement, il me faudra t’attendre à mon tour ! »
Tom ouvre un œil et reprend consistance en toussant fort. Il se passe la main dans les cheveux et la rejoint.
- « Nous sommes partis ! »
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lundi 4 octobre 2010

8 - 3 : Chacun sa Croix



8 – 3

Élisa monte dans la voiture.

« Évidemment il fallait qu’ils habitent à l’autre bout de Paris ! »

Une dernière pensée négative puis elle se laisse absorber par l’instant présent. Elle laisse ses yeux courir le long des trottoirs en mouvements. Elle se sent protégée par la vitre fermée tandis que Tom jure cramponné au volant. La nuit s’annonce voilant les cimes d’une étole anthracite. Les parcs et les jardins sont clos. Les parisiens s’affolent autour des commerces. Ils déboulent en masse conquérante près des bouches de métro. Élisa baisse son pare-soleil et jette un œil dans la glace. Elle n’est pas à son top…

« Après tout, on ne va pas me présenter à la reine d’Angleterre !»

Elle se laisse à nouveau hypnotiser par les lumières de la ville qui viennent strier le tableau de bord.

- « Mais tu vas avancer espèce de … »

Tom défiguré par l’ardeur de sa conduite semble vouloir emboutir le véhicule qui le précède. Il rage. Il vocifère. Il double dans un râlement de satisfaction.


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