vendredi 20 avril 2012

La Cinquième Saison


Oserez-vous entrebâiller la porte de La Cinquième Saison ?

Que se cache-t-il derrière ?

Sans doute que chacun d’entre nous s’y accommode d’un paysage différent…



13 témoignages vous attendent si vous passez le pas…


Êtes-vous prêts ?

En êtes-vous bien sûrs ?

Réfrénez votre impatience…

La Cinquième Saison n’arrive qu’au terme de quatre autres saisons auxquelles vous n’échapperez pas !!!




jeudi 19 avril 2012

mercredi 18 avril 2012

Le Printemps


"Il faut aimer sa nature
Pour l'embellir journellement
Et ne plus craindre le mature."


EMMA

mardi 17 avril 2012

Les clefs : 1 - 1


LES CLEFS


1 - 1


La porte vient de se refermer furieusement. Emma tremble de tous ses membres dans la chambre aux rideaux tirés. Seul un rai de soleil lui barre les chevilles. Elle ferme les paupières de toutes ses forces tandis que le claquement de la porte résonne encore à l’intérieur de son crâne telle une gifle. Elle ne respire qu’à peine, le moindre bruit pourrait tout faire s’écrouler. La tension lui donne le vertige, elle rouvre les yeux. Un courant d’air s’engouffre dans les rideaux, ils bougent, leur mouvement la terrifie. L’intrusion du vent dans la pièce, la porte qui claque lui font serrer les poings jusqu’à ce que ses ongles vernis lui entament les paumes. Le tic tac du réveil trotte indifférent. L’appartement semble vide. Un soleil froid entre par la fenêtre de la pièce d’à côté. Un chat miaule dans la cour. Elle se redresse enfin. Le couteau est planté, là, à quelques centimètres de sa tête, dans l’oreiller. Elle frissonne et se précipite dans le salon où elle jette des regards affolés dans tous les sens. Quoi prendre ? Que faire ? Où se réfugier ? Elle saisit promptement un sac en plastique semé dans la cuisine, retourne dans la chambre, attrape quelques sous-vêtements, un, deux hauts et file à la salle de bain, le dentifrice, la brosse à dent, le fard à joue… Le parquet a craqué… Emma se contracte. Elle perce son sac plastique. Elle écoute avec une telle attention que celui-ci lui échappe des mains. Elle se met à courir d’un coup comme si le diable était à ses trousses. Elle chope son manteau au passage et quitte l’appartement sans discernement. Dans l’escalier, elle se reprend une seconde, se retourne, jette un œil perdu vers le palier puis elle pousse un soupir et quitte l’immeuble sans plus attendre. Dehors, le jour trop cru lui dévore les pupilles. Elle finit d’enfiler son manteau et disparaît au coin de la rue, le col remonté. Elle plonge les mains dans ses poches, son portefeuille y est, un coup de chance, elle a ses papiers, un peu de liquide et sa carte bleue. Elle remonte le boulevard Voltaire vers le métro. Il va revenir. C’est certain.
Emma ne doit pas perdre son temps.
Elle prend une direction au hasard, la rame arrive, elle va s’asseoir sur un strapontin derrière un grand homme amarré à la barre métallique. Elle s’éloigne. Les stations défilent jusqu’au terminus, la sirène retentit, elle finit par descendre. Elle reste plantée là, regarde d’un côté, de l’autre et opte instinctivement pour l’une des sorties.
(.../...)

lundi 16 avril 2012

Les clefs : 1 - 2



1 – 2

Le vent est encore frais mais le soleil a des vertus apaisantes et grisantes. De gros bourgeons dodus font pendre les branches trop frêles. La chlorophylle défie le bitume, une nuée d’étourneaux part assombrir le ciel. Emma trouve un banc au soleil, elle s’installe sur une extrémité, si près du bord qu’elle semble pouvoir tomber sous l’assaut d’un vent soudain. Elle pousse à nouveau une profonde plainte et son ventre se remplit presque douloureusement d’air. Il y a donc si longtemps qu’elle ne respirait plus !
Mais comment les choses ont-elles pu en arriver là ?

Au commencement tout est inévitablement merveilleux. C’est un printemps de chaque instant, de l’insouciance, des sourires. Sa rencontre est programmée au détour de la vie comme un enchantement. Un coup de foudre. Une remise en question spontanée. Il est là. Il est.
Au début, les questions n’ont pas d’importance, seules les caresses en ont. C’était un amour trop précipité, trop grand, trop voyant. Personne ne pouvait l’ignorer, mais personne n’osait s’en soucier. Il est passé et, au passage, Il est devenu tout. Tout ce qui compte, tout ce qui occupe le temps et l’espace, la nourriture, la chaleur, le songe. Le monde se créait autour de lui. Il était maître de son royaume. Le doute n’existait pas.

Les pigeons se rapprochent du banc et Emma sursaute à l’appel d’un klaxon. Elle décide de rejoindre un café. Elle s’engouffre au fond de la salle, sur une banquette. Elle commande un thé au lait et une part de tarte au citron meringuée. La blonde et la rousse de la table voisine l’enfument, Emma se fait un éventail avec le menu. La tarte arrive enfin ! Emma ne peut s’empêcher de pointer le doigt dans le sucre glace. Comment peut-elle être à ce point immature ? D’un coup, une silhouette, une ombre dans la rue et son sang bloque dans ses veines. Elle va s’enfermer, par réflexe, dans les toilettes. Le miroir ne saisit d’elle qu’un regard hagard. La lumière s’allume alors qu’elle s’enferme, malgré cela elle tient la poignée, elle transpire, de l’autre main elle déchire du papier toilette et s’éponge le front. Dire qu’elle ne pouvait pas vivre sans lui, qu’une heure d’abandon virait au supplice…
Elle lui a pourtant tout cédé, ce qui était juste, même ce qui ne l’était pas. Il en voulait toujours plus. Il a une âme insatiable.


(.../...)

lundi 9 avril 2012

Les clefs : 1 - 3


1 – 3

Comme il ne supportait pas son entourage, Emma avait fini par ne plus voir personne. Ses parents, dépassés, ne comprenaient rien. Ses camarades trop impliqués avaient fini par se fâcher. Ses amis avaient cédé la place au mâle dominant. Il était un désert avant d’être son oasis. Il n’a pas de frontières, ce qui fait de lui le citoyen d’un monde idéalisé. Il n’a pas de limites, ce qui fait de lui un affranchi dangereux.

Quelqu’un vient de cogner à la porte :
-«Sortez ! Je ne compte pas passer mon après-midi à attendre !»
Emma se recoiffe mécaniquement et sort de sa cachette.
- « Eh bien ce n’est pas trop tôt ! »
La petite femme très maquillée la pousse et disparaît à sa suite.
Emma décide de changer d’endroit. Elle paie et quitte la brasserie tête baissée. Elle longe les vitrines en évitant les reflets. Elle le savait pourtant que c’était une mauvaise idée. Jamais elle n’aurait dû se laisser entraîner dans une affaire pareille. Trois ans gâchés en une nuit. Non, il est vrai que quelque chose de mauvais sévissait depuis un certain temps, comme de la jalousie morbide, de la possessivité à outrance. Le moindre regard, le moindre frémissement lui paraissait être une entorse à la vie. Il suspectait n’importe quoi. Le vide qu’Il avait créé autour d’elle ne le contentait plus. Dans la rue, les inconnus devenaient victimes de sa violence quotidienne. Les paroles se matérialisaient en poings et Il faisait baisser les yeux aux aveugles.
Emma avance, un pas, un autre, encore un, un suivant, un pas de plus et un pas de mieux. Elle y va. Où ? Elle ne sait pas mais elle y va. Le ciel est bleu, il ressemble à une bénédiction. Le vent essaime sa fraîche haleine entre les arbres des boulevards. Elle croise une figure avenante mais ne parvient pas à relâcher un sourire, sa prison intime marque ses expressions. Ses pieds commencent à faire sentir la distance qu’ils ont parcourue, ses jambes sont lourdes. Il faut dire qu’elle n’a pas dormi, que cette veille fût un cauchemar…
(.../...)

lundi 2 avril 2012

Les clefs : 1 - 4


1 – 4

Ils avaient passé une excellente journée. Le soleil aspergeait le lit, ses rayons rigides donnaient corps à la poussière en suspend. Il était calme. Il lui caressait les cheveux en chantonnant. Elle se reposait détendue contre son épaule. Le monde était absent. Le téléphone n’existait pas. Il n’y avait qu’eux dans leur bulle d’amour opaque. Elle était bien mais le crépuscule a brouillé l’atmosphère. Il a voulu sortir, aller prendre l’air, alors ils sont sortis sous le ciel griffé de violet. Il la maintenait solidement contre lui. Elle se sentait protégée. Ils se dirigeaient gentiment vers la gare de Lyon lorsqu’ils ont rencontré le Breton. Jamais il n’aurait fallu croiser ce type-là ! Dès le départ elle ne l’avait pas senti. Il faisait partie de cette catégorie de personnes qui suintait le malsain. Sa mine cireuse, ses lèvres boudinées et salivantes, son petit œil sournois enflé par l’alcool, n’inspiraient à Emma qu’une intense répulsion. Il venait de débarquer à Paris et ne savait pas où coucher. Il l’avait invité à prendre un verre, l’autre lui avait renvoyé l’ascenseur et de verres en verres, ils s’étaient construits une belle amitié transparente. Elle n’avait pas eu droit au chapitre. L’ivresse s’emparait d’eux tandis qu’une nuit claire tamisée d’étoiles s’immisçait sur la capitale. Ils continuaient de boire tandis que les bonnes gens étaient rentrés chez eux et regardaient sans doute la télévision. Les voix s’emportaient, la moiteur irradiait son arôme âcre, le comptoir était cerné de mégots. Emma s’ennuyait mais n’en laissait rien paraître. Il se passionnait pour des sujets sans grande importance tenant le coup face au Breton qui ricanait en regardant le sol. Le barman étudiait de loin le niveau des consommations. L’air était étouffant et leurs rictus étaient déplorables quand Il invita le Breton à boire un dernier verre à la maison, un Cognac Napoléon. Emma s’angoissa immédiatement à cette idée, mais l’autre accepta avec joie. Ils remontèrent le boulevard. Les réverbères s’arquaient sur leur chemin. Les rues tentaculaires semblaient garder un secret. Ils habitaient à proximité, aussi arrivèrent-ils rapidement dans l’appartement encore en travaux. Le Breton récupéra des coussins qu’il plaça contre un mur et s’y avachit. Il retourna une caisse devant lui qui se transforma en table basse en pin du Chili. La bouteille arriva avant les gobelets en plastique. Qu’à cela ne tienne ! Ils se mirent à boire au goulot.

(.../...)