13 – 4
La terre a été la maison de ma réalité. Elle m’a prodigué la douceur d’une mère. Elle m’a soumis à ses humeurs. La materia prima, la tellus mater féconde et régénératrice a apaisé mon corps sous des caresses verdoyantes. Elle m’a fait réaliser la beauté de la vie juste avant de me précipiter dans ses souterrains. Cette mère qui te donne la vie t’assure de mourir en son sein, cette certitude est à l’origine de la spiritualité. La chanson claire de la rivière, la course des herbes folles, l’attrait de l’oiseau pour la montagne du soleil, rien de tout cela n’est acquis à jamais. Un jour, la chair tendre qui t’a vu faire tes premiers pas, puis courir, s’entrouvre sous tes pieds. L’espace se fissure jusqu’à ta chute. Tu tombes et la blessure cicatrise te laissant seul à te battre avec ta conscience. Pas d’issue, qu’un soleil noir et opaque qui te fait régresser vers une palpable obscurité.
Un jour, tu seras certain de l’échec total et définitif de ton existence. Tu rejoindras l’invisibilité. Tu devras combattre les monstres du pervertissement.
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