lundi 5 décembre 2011

Homicide X : 2 - 1O



2 – 10

Midori fait face. Les fourmis qui lui courraient dans les bras se sont figées dans ses veines.
- « Je me désaltère. Il s’agit d’un acte vital, tu n’as aucun droit de me l’interdire. »
- « Tu as raison. Je n’ai nullement l’intention de te nuire, tu sais. Je ne suis pas un criminel. Je n’ai jamais tué personne. Tous les hommes ne sont pas les monstres que tu imagines. »
Samuel dégouline. Midori le trouve presque touchant, bien qu’un peu pitoyable. Elle n’est pas fan de peinture, ce type n’est rien pour elle. Il est même très éloigné de l’idéal d’une demoiselle de seize ans qui en paraît vingt-deux. Elle a conscience de la valeur commerciale du corps de sa jeunesse. Elle conçoit la place des fantasmes dans ce monde de virtualité. En poupée manga, elle entre dans le jeu des adultes, dans les enjeux et les vices du quotidien. Elle ne perdra pas sa partie. Elle consommera sa part, ce sera toujours cela de pris, qu’elle trouve ou non un sens à la vie, une réelle utilité.
Samuel détaille Midori nue dans sa cuisine. Elle n’a strictement rien d’une ménagère. Elle traîne jusqu’en plein jour ce je ne sais quoi de lunaire, comme un manque de réactivité au soleil, une pâleur revendicatrice d’obscurité. Ses yeux sont des braises mystérieuses qui transpercent une frange épaisse. Elle doute, aussi se montre-t-elle agressive. Il fait un pas vers elle, pose la main sur son ventre, puis il passe dans son dos et fait remonter sa main jusqu’à la maintenir muette. Il frôle l’oreille percée :
- «Après nous avoir accouchés, les femmes n’ont qu’une façon de nous espérer à nouveau dans leurs ventres : en nous dévorant. »
- « Je n’ai rien compris ! »
- « Retourne poser. »
- « Mais j’ai très mal dans les bras ! »
- « Vas te préparer. Je reviens avec la solution. »

(…/…)

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