lundi 13 juin 2011

4 - 5 : L'Amour Ordinaire



4 – 5

Je me couche assez tard par habitude…

Au réveil, le lendemain matin, j’ai les sensations étranges d’un rêve persistant. Je vais immédiatement prendre ma douche. Je n’ai pas le temps de petit-déjeuner, je prendrai un café en arrivant au bureau. Dehors il fait un froid de canard, les gens fument en ouvrant le bec. La vapeur m’avale à l’entrée du métro. J’attends en me frottant les mains pour les réchauffer et surprise ! Je reconnais la dauphine d’hier sur le quai d’en face. Elle a troqué son manteau rouge contre une doudoune sombre. Elle me dévisage avec animosité aussi je me décide à lui sourire. Elle prend un air décontenancé et me renvoie finalement un rictus. Le métro jaillit du tunnel dans un fracas et la ruée vers les portes m’entraîne dans son mouvement. La fille reste sur son quai et continue à me suivre du regard tandis que le signal de fermeture automatique des portes se fait entendre.

J’arrive tous les matins comme un surfeur sur l’aiguille de l’extrême limite : à l’heure. Je longe le couloir. Je salue la secrétaire. Elle porte un pull rouge qui m’assène un coup fatal.

Mon rêve me revient enfin : je passe au volant de ma voiture (je rêve) près d’une école maternelle où des parents se languissent de leurs charmants bambins. Et là, stupéfaction ! Les deux femmes aux manteaux de laine rouge sont côte à côte sans même se remarquer.
Dès la sortie des classes, deux garçonnets se précipitent gaiement vers leurs mères qui rajustent simultanément leurs bonnets en les embrassant. Je constate effaré que les petits garçons se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Je me demande si je songe en rêvant, si je dors en marchant, si je suis dehors, ou encore, si je suis en direct depuis la télévision de ma tête ? Je doute, quand subitement, un ballon vient heurter ma portière… Tout paraît si réel ! Les mamans s’éloignent avec leur fils, l’une derrière l’autre sur le trottoir. Je décide de les suivre et entreprends une filature digne des séries que diffusent les chaînes publiques…

- « Tu dors ou quoi ? Tu m’as l’air tout pâlot ce matin mon cher Max ! »
- « Ah ! C’est toi Michel ? »
- « Qui veux-tu que ce soit ? Tu te rappelles qu’on déjeune ensemble tout à l’heure ? »
- « Tu fais bien de me rafraîchir la mémoire… »
- « Eh bien, tu n’as pas l’air dans ton assiette ! Qu’est-ce qui t’arrive ? »
- « On voit ça vers midi chez Marcel, si ça ne te dérange pas ? »
- « OK mon bichon ! »
Et il me met une tapette sur la joue, amicale certes, mais qui sur l’instant m’irrite passablement.
Je replonge dans mon dossier et ma nuit ressurgit d’entre les lignes. Ces images m’obsèdent. Je roule lentement et je reconnais d’un coup le passage AA/12. L’immeuble d’hier, les chambres d’enfants, les nounours contre les baies vitrées. Je stoppe mon véhicule et regarde bouche bée les deux femmes se tenir la porte et discuter de leur progéniture en disparaissant dans le hall d’entrée.


(.../...)



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