lundi 10 mai 2010

9 - 6 : L'étoile flamboyante


9 – 6

- « La vengeance est un plat qui se mange froid ! » avait lâché Firmin en se cognant volontairement contre Auguste dans le couloir, les yeux luisants d’aigreur.
Le lendemain rien ne se passa, le surlendemain non plus. Un certain temps s’écoula.

Léon aimait l’heure crépusculaire, la fraîche odeur de la nuit naissante striée de lignes roses, aussi accompagnait-il sa mère dehors. Elle parcourait la pénombre du regard appelant le chat qui ne souhaitait pas rentrer bien que la pâtée soit servie. Le petit garçon en profitait pour visiter son ami Nestor, un lapin à qui il avait épargné la casserole tant son désespoir avait ému sa mère. Léon confiait ses délires enfantins à l’animal qui l’écoutait sans réagir. La lune miroitait timidement entre les nuages déjà noirs. Un petit vent frais s’immisçait sous les chemises intimant l’heure d’un dîner tardif. On posait à peine les bols sur la nappe bleue que le bénédicité d’à-côté était rincé à l’eau de vaisselle. On mangeait simple et sain sans laisser filtrer un mot. La soupe de légumes au lard, où s’imbibaient des morceaux de pain, fumait entre les mains et brûlait les gosiers. Le chat cherchait à rentrer et miaulait désespérément, la queue tendue vers le ciel, à la porte de derrière. Il faudrait se coucher aux sons de ses jérémiades et s’endormir sur une oreille en gardant un œil ouvert.
L’activité physique de la journée avait finalement raison des corps et les enfants sombraient dans un repos réparateur, nécessaire, car le lendemain ne serait pas sans importance.


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