mardi 17 avril 2012

Les clefs : 1 - 1


LES CLEFS


1 - 1


La porte vient de se refermer furieusement. Emma tremble de tous ses membres dans la chambre aux rideaux tirés. Seul un rai de soleil lui barre les chevilles. Elle ferme les paupières de toutes ses forces tandis que le claquement de la porte résonne encore à l’intérieur de son crâne telle une gifle. Elle ne respire qu’à peine, le moindre bruit pourrait tout faire s’écrouler. La tension lui donne le vertige, elle rouvre les yeux. Un courant d’air s’engouffre dans les rideaux, ils bougent, leur mouvement la terrifie. L’intrusion du vent dans la pièce, la porte qui claque lui font serrer les poings jusqu’à ce que ses ongles vernis lui entament les paumes. Le tic tac du réveil trotte indifférent. L’appartement semble vide. Un soleil froid entre par la fenêtre de la pièce d’à côté. Un chat miaule dans la cour. Elle se redresse enfin. Le couteau est planté, là, à quelques centimètres de sa tête, dans l’oreiller. Elle frissonne et se précipite dans le salon où elle jette des regards affolés dans tous les sens. Quoi prendre ? Que faire ? Où se réfugier ? Elle saisit promptement un sac en plastique semé dans la cuisine, retourne dans la chambre, attrape quelques sous-vêtements, un, deux hauts et file à la salle de bain, le dentifrice, la brosse à dent, le fard à joue… Le parquet a craqué… Emma se contracte. Elle perce son sac plastique. Elle écoute avec une telle attention que celui-ci lui échappe des mains. Elle se met à courir d’un coup comme si le diable était à ses trousses. Elle chope son manteau au passage et quitte l’appartement sans discernement. Dans l’escalier, elle se reprend une seconde, se retourne, jette un œil perdu vers le palier puis elle pousse un soupir et quitte l’immeuble sans plus attendre. Dehors, le jour trop cru lui dévore les pupilles. Elle finit d’enfiler son manteau et disparaît au coin de la rue, le col remonté. Elle plonge les mains dans ses poches, son portefeuille y est, un coup de chance, elle a ses papiers, un peu de liquide et sa carte bleue. Elle remonte le boulevard Voltaire vers le métro. Il va revenir. C’est certain.
Emma ne doit pas perdre son temps.
Elle prend une direction au hasard, la rame arrive, elle va s’asseoir sur un strapontin derrière un grand homme amarré à la barre métallique. Elle s’éloigne. Les stations défilent jusqu’au terminus, la sirène retentit, elle finit par descendre. Elle reste plantée là, regarde d’un côté, de l’autre et opte instinctivement pour l’une des sorties.
(.../...)

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