lundi 10 octobre 2011

Homicide X : 2 - 18


2 – 18

Samuel court comme un dément dans la rue et se jette dans un taxi.
Il donne son adresse. Le conducteur fait taire son chien assis à ses côtés et jette un cil suspicieux sur son passager. Samuel transpire à grosses gouttes.
- « Vous ne supportez pas la chaleur ? »
- « En effet. »
- « Vous êtes comme ma femme. Un rien lui donne des bouffées de chaleur, alors la canicule, vous pensez ! »
Samuel n’entend plus. Le monde ne file pas assez vite. Les mouvements de la rue se décomposent de manière abstraite contre les vitres de la voiture. Le taxi finit par arriver. Il paie. Il jette un coup d’œil alentour et s’engouffre dans l’immeuble. Il cherche ses clefs. Il les fait tomber dans sa précipitation. Il y est.

La nuit est tombée comme un masque sur la réalité. Les rideaux ne bougent plus. Samuel se réveille de son cauchemar. Il se dresse les cheveux collés au front. L’émergence est difficile, il se sent troublé par une sensation singulière. Un doute. Un doute terrible. Son pouls change de cadence. Il descend l’escalier : le tapis est là. Il n’a rien rêvé. Il va s’installer dans son fauteuil pour méditer un instant sur ce spectacle sordide, puis il va regarder en bas par la baie vitrée : personne. Alors il prend son courage à deux mains et s’attelle à tirer le tapis jusqu’à la porte d’entrée. Il inspecte l’étage par le judas. Il ouvre la porte et traîne Midori momifiée. Il ne s’amuse pas, néanmoins il parvient à la mettre debout dans l’ascenseur.
Il la hale plus sereinement sur les dalles du hall. Il la dresse contre le mur le temps de vérifier l’extérieur et sort finalement sa tapisserie. La lune en unique témoin, il déroule le tapis rouge. Le corps roule sur le trottoir et va buter contre un véhicule. Prêt à un ultime effort, Samuel la livre au caniveau parisien.

Il lève les yeux au ciel et souffle un bon coup. Enfin il va se coucher l’âme plus légère. Avec un peu de chance, il aura de ses nouvelles demain : aux infos.





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