lundi 26 septembre 2011

3 - 1 : Félicie Gambetta



FÉLICIE GAMBETTA


3 - 1

Félicie se dresse doucement de son vieux fauteuil, ses reins résonnent en lancinante douleur. Elle se dirige vers la fenêtre, pose ses mains de chaque côté de l’encadrement et se met à regarder dehors.
La photographie de son amour fantôme…Marcus… l’observe depuis son cadre jauni. Il semble armé de son sourire moustachu en guidon de vélo et admire sa Félicie contemporaine se découper dans la lumière au bout de la pièce. L’appartement s’est abandonné au passé, seule la vigueur du soleil réjouit ses murs silencieux, c’est pourquoi Félicie se tient là, frémissante. Elle regarde la vie à l’extérieur si souvent qu’elle a laissé son empreinte sur les carreaux. Il faut dire qu’il y a bien longtemps qu’elle se contente de capter le monde à travers ses couches de poussière qui sont autant de saisons, tant d’années qu’il n’est plus l’époque de se retourner, aussi ses iris délavés clignotent-ils chaque jour derrière la vitre. De sa vigie elle se mêle à l’atmosphère de l’avenue Gambetta. C’est l’automne, les feuilles s’échappent des tas qu’on leur impose et virevoltent en tourbillons à l’entrée du métro Pelleport. Ce n’est pas encore l’heure de la sortie des classes, non, Félicie se retourne et regarde son divan avec amour, c’est l’heure de la sieste.

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