lundi 12 septembre 2011

3 - 3 : Félicie Gambetta


3 – 3

Quelqu’un vient de crier. Félicie se réveille en sursaut, se redresse et se dit à elle-même pour se rassurer :
- « Mais que se passe-t-il ? »
Elle se presse d’accéder à la fenêtre qu’elle ouvre timidement. Trois hommes se battent à la sortie du métro, l’un d’eux se débat à terre et hurle en accrochant son attaché-case. Les gens autour fuient ou se pressent en baissant la tête. Félicie n’en revient pas, aussi se met-elle à s’égosiller en voix off de chez elle :
- « POLICE ! POLICE ! »
Les agresseurs, dans le doute, lâchent prise et partent comme des dératés. L’homme à l’attaché-case parvient à se relever et replace ses lunettes, indigné, en rentrant dans le café d’en bas. La police n’a pas même été alertée que tout reprend son rythme normal. Félicie referme la fenêtre, sa sieste n’a pas été d’un calme olympien, cela dit, un soulagement déplisse les anciens soucis de son front.
C’est l’heure du thé. Elle passe à la cuisine, une pièce étroite pleine de bocaux et d’étiquettes aimantées sur le réfrigérateur. Félicie attrape la bouilloire chromée et la pose sur le feu, un crépitement métallique s’échappe de l’ustensile. Tandis que l’eau chauffe, son regard se perd sur son reflet gondolé, elle ferme le couvercle et sort les petits gâteaux de l’armoire. Ils ont pris l’humidité, elle les met dans une assiette, il faut les manger. L’eau bout, la boule est prête. L’infusion pourra débuter dès que l’eau ne sera plus que frémissante. Félicie regagne le salon et s’assoit à la table devant la nuit de Katmandou qui envahit sa tasse. Elle hume les arômes voyageurs du gingembre, du lotus et du litchi qu’elle reconnaît et cherche à débusquer les parfums inconnus de riches fleurs indiennes qui pourraient la faire s’évader de ce quotidien de la vieillesse parisienne. Personne ne sonne plus à la porte. Personne n’écrit plus depuis longtemps. Les rires d’enfants n’appartiennent qu’à la rue. La liberté s’arrête au départ des oiseaux. Heureusement, Marcus offre son éternelle présence depuis son cadre mais il ne répond pas et Félicie en est rendue à parler toute seule, à se souvenir ou à songer.

(…/…)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire