lundi 21 décembre 2009

10 - 5 : Prophétie


10 – 5


13 heures, le lendemain.

L’heure où mon voisin de gauche sortait, l’œil collé, les plis d’oreiller décalqués sur les joues, pour aller acheter sa baguette et ses croissants.

L’heure où ma voisine de droite déjeunait de crudités et de yaourt en révulsant les yeux devant de journal télévisé. L’heure où le vieil algérien du septième, porte B, relisait, sans les comprendre, ses papiers administratifs. Au moment où le critique littéraire un peu sourd du 7ème, porte A, faisait du thé. Quand la femme du huitième arrosait ses plantes laissant son téléphone en appel en absence. Que le survolté de treize ans du neuvième ratait son cours de géographie et tuait ses ennemis virtuels en réseau. À la cave, les rats modifiaient leurs trajectoires en fonction des pièges qu’on leur avait dévolus. Au sommet, les charpentiers veillaient à la remise en état de la toiture, au-dessus : les oiseaux, les nuages, les avions. Alentour : le monde vu par l’homme. La somme, une planète : la Terre. Et puis tous ces univers hypothétiques qui germaient dans le compost de notre complexité et de nos complexes, des galaxies de questions et l’angoisse d’une réponse comme une sentence fulgurante. Résoudre c’est oublier. Ne pas souffrir c’est omettre la souffrance. Se perdre c’est potentiellement se retrouver. La vie doit être un égarement suivi d’un flash de lucidité.


(.../...)

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