lundi 28 décembre 2009

10 - 4 : Prophétie


10 – 4


J’avais refroidi sous la couette. Cette idée lugubre me projeta à nouveau devant le montage photo sur ma porte d’entrée que j’avais arraché au plus vite. Me revint en mémoire que j’avais fait des photomatons dans le métro, il y avait un mois environ, mais la machine n’avait rien voulu recracher et j’étais repartie sans cliché. Il est plausible qu’à force de coups de pieds, cette foutue machine ait fini par sortir le développement. N’importe qui aurait pu s’en emparer. Peut-être étais-je moi-même l’objet d’un fantasme, d’un délire. J’intéressais. Sans m’en douter j’avais pénétré le cerveau d’un autre. J’avais asservi un esprit, qui retranché dans son anonymat et condamné à mon indifférence, avait eu ce geste désespéré et un peu médiéval de venir clouer la chauve-souris sur ma porte. Cet appel depuis l’obscurité, telle une menace, un ultime recours, témoignait d’une faiblesse. On faisait ma publicité, je devais humblement me montrer digne ce cette reconnaissance. Je me calmais. Monsieur coursait son rêve à demi couché sur sa couverture jaune. Ses pattes arrières grattaient nerveusement le linoléum, les babines retroussées, il croquait le vide ou jappait, tandis que ses paupières s’agitaient sous ses poils. J’avais finalement sombré, meurtrie d’interrogations.


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