lundi 16 novembre 2009

10 - 10 : Prophétie



10 – 10

Vers dix heures on me livra des fleurs, un rosier en pot. J’espérais que le livreur me donnerait une carte, un mot d’accompagnement, une pièce neuve au puzzle déjà composé, mais rien de la sorte ne lui avait été confié. Je le congédiais après l’avoir longuement défiguré. Son attitude grossière et désappointée m’avait convaincue qu’il n’avait pas d’autre rôle à jouer dans cette histoire. Embarrassée que j’étais par le lourd pot de terre, je le déposais tant bien que mal sur la table du salon. Fou d’enthousiasme, Monsieur créait un manège autour de mes jambes qui manqua de me faire perdre l’équilibre, résultat, par maladresse, le rosier fut ébranlé et alla se répandre sur le tapis. Je m’agenouillais dans la terre, les yeux levés au ciel et poussais un soupir d’irritation. Mes mains empoignèrent cette terre et son principe passif me calma. Sa douceur, sa soumission, la fermeté paisible qu’elle contenait me régénéraient. Je sentais l’humilité de l’humus. Je ressentais sa fonction maternelle, rassurante. Elle était celle qui donne la vie et qui la reprend, celle qui génère et celle qui digère. Encore un emblème de la fécondité ! La terre supporte tandis que le ciel couvre. Elle produit les formes vivantes. Elle fait germer les différences.

 
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