lundi 18 mai 2009

11 - 4 : 7 ans


11 - 4



Une explosion !!!

Un pneu vient d’éclater à l’arrière. Maman et Matthieu le regardent passer devant eux totalement impuissants. Matthieu raidit les bras sur le volant. Le lourd véhicule vacille. Il dérive vers la droite puis vers la gauche. Mon beau-père a blêmi dans son rétroviseur. Tout va très vite. Gauche – Droite. Par réflexe, maman se retourne et bloque le corps de Sabrina qui ne s’est pas réveillée. Elle croise mon regard dans l’action, j’y lis de l’effroi. Droite – Gauche. Mon cœur s’emballe comme le paysage qui devient fou. Dire que nous n’étions plus qu’à 7 km de chez ma grand-mère, 7, ce satané nombre du châtiment. Le camping-car se prend pour un étalon indomptable qui menace de se cabrer. L’animal de tôle refuse de se laisser maîtriser davantage, il s’abandonne violemment à la route. Je ne suis plus qu’une poupée de chiffon prisonnière d’une machine à laver, un fétu de paille bouleversé par une tempête, je me fracasse en vaguelettes contre l’énormité du récif. De l’Alpha à l’Omega, je vois défiler la totalité de l’Univers créé. Je suis minuscule. Je n’ai aucun pouvoir. De la terre au ciel, je suis au centre des six directions, c’est l’apocalypse. Le monde ne sait plus où aller. Nous subissons. Mes pieds ne touchent plus le sol. Ma tête heurte les parois tel un fruit à la chaire trop tendre. Je vole, j’atterris et me renvole en canari schizophrène pour lequel les limites de la cage sont devenues insupportables. Du ciel à la terre, plus rien.

Elle est étrange cette sensation de vivre quelque chose de grave, il y a de la solennité dans l’exceptionnel.




(.../...)

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