lundi 30 janvier 2012

Homicide X : 2 - 2


2 – 2

Le faux silence, le jour si cru et la toile si présente. Ce corps si réel, sa vibration obsédante, Samuel ne peut finalement s’y dérober. Il ne se souvient pas d’avoir peint autre chose que des femmes. Elles l’ont toujours particulièrement inspiré. Souvent, il ne s’attache qu’à un détail car leurs ensembles lui paraissent trop évidents. Il cherche leurs couleurs intimes, leurs fascinantes gestuelles, le moyen de les faire taire. Il veut l’animation, le goût secret du sucre et de l’amertume. Il espère l’apaisement après la passion sensuelle de l’application des matières sur le support encore vierge. Il se régale de sa cuisine d’huiles et de pigments. Il se grise aux essences anciennes. Il vampirise son modèle jusqu’à l’abandonner, vidé, dans un coin de la pièce, figé dans la pose. Il parvient à s’oublier lui-même pour ne laisser vie qu’au hasard d’une rencontre, qu’à la magie d’un instant. Il aime la pluie sur l’atelier, l’alcool fort et la limite d’un pas franchie. Il affectionne les teintes franches et les obscurités. Il exprime les cruelles vérités.

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