lundi 22 août 2011

3 - 5 : Félicie Gambetta


3 – 5

Félicie passe la main sur sa plante verte et allume le poste de télévision afin de bénéficier d’une présence. Elle baisse le son qu’elle ne remontera que pour les informations. Elle s’installe sur le canapé, tournée vers l’écran, mais rien ne parvient à saisir son attention. Elle prend un livre de poèmes : « Rimbaud. Une saison en enfer. » Elle l’ouvre au hasard, lit et referme l’ouvrage.
- « Dire que ta saison en enfer est issue de ta jeunesse, la mienne c’est vieille et isolée que je la vis. Quand tu te maintiens trop longtemps, tu finis par peser aux autres autant qu’à toi-même. Tant que tu restes utile ta vie a un sens, mais dans cette société, un jour on décide que tu n’as plus ton rôle à jouer, on te dit que c’est bien pour toi, que tu vas enfin pouvoir faire tout ce dont tu as toujours rêvé et tu pars confiant et souriant, tu avances, petit à petit, tu ralentis, puis tu te retournes et le monde a repris sa course sans toi. Pourtant tu aurais ton mot à dire à bien des sujets si l’on te donnait la parole. Tiens ! Tu pourrais donner le goût de la lecture au gamin d’en face ou encore prendre le temps de lui faire un gâteau.»
Parler, échanger, partager, voilà ce qui manque à Félicie. Elle se dirige vers la cuisine pour mettre les pommes de terre à cuire. « Jeune, je n’avais qu’un horizon face à moi et mille moyens d’y parvenir, aujourd’hui j’ai dépassé cet horizon et je me demande comment exister encore. »


(…/…)

1 commentaire:

  1. Très très touchant ce chapitre et tellement criant de vérité sur notre société actuelle !

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