lundi 15 août 2011

3 - 7 : Félicie Gambetta


3 – 7

Elle n’a finalement pas très grand appétit, pour cela il faudrait pratiquer la philosophie du bonheur et ce soir son ombre a pris une autre dimension. Une boule sombre lui noue la gorge et l’estomac, elle dépose sa menue vaisselle dans l’évier. C’est l’humeur triste, la grisaille sur la Capitale. Il y a tellement longtemps que Félicie vit repliée en elle-même, que ses réponses nourrissent ses questions, que la réalité s’éloigne, d’ailleurs elle se méfie des temps qui courent presque autant que des secondes qui paressent. Quelque chose vient de bouger derrière elle pourtant elle ne l’a pas remarqué perdue qu’elle est dans ces tourbillons noirs de la dépression. En premier, elle se souvient d’avoir eu le ras le bol pour les tâches ménagères, ensuite elle a cessé d’être coquette et puis ces maux de tête, cette affreuse impression de perdre sa dignité… Félicie s’étend sur son divan et son ombre se détache doucement d’elle, comme pour lui faire face. Rêve-t-elle ? Non.
L’ombre la regarde et s’assied près d’elle. Elle n’a pas réellement de visage. Soudain une voix émane de la silhouette opaque :
- « Je ne supporte plus de t’entendre pleurer au fond de toi, aussi ai-je décidé de t’accompagner ce soir. Cela te ferait-il plaisir ? »
Félicie ne répond pas. Elle observe son ombre qu’elle ne reconnaît plus vraiment et demeure entre sa peur d’être devenue folle, sa crainte de l’inconnu et la disparition immédiate des pensées maussades. Son ombre vient lui prendre la main et commence à la caresser calmement, un murmure lui parvient, une vieille chanson, Félicie ferme les yeux et se délasse enfin. La course du vent autour des arbres froisse les rares feuilles sèches qui ne veulent pas tomber. Elle s’endort, il est plus tôt que d’habitude, le film ne fait que commencer.
(.../...)

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