lundi 7 février 2011

6 - 7


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Segunda s'émeut aujourd'hui encore de la manière dont Louison avait quitté le grand buisson. Quelque chose avait donné une luisance d'acier à ce regard si clair.



Le fait de passer pour des soeurs avait été longtemps séduisant et protecteur. Les enfants évoluaient dans leur bulle. Elles vivaient décalées de la réalité dans un jardin où l'insouciance irisait de bonheur. Le ciel était bleu y compris en hiver et la dynamique de la croissance se manifestait dans la joie et dans le jeu. Or, comme à la suite de la venue de nuages menaçants, cette fusion admirable commença à peser à Louison. A force de ne se voir qu'à travers l'autre, elle finit par s'égarer et son humeur s'en fit ressentir quotidiennement. Des reproches anodins se transformèrent en prétextes à conflits et l'étouffement vicia la relation. Louison cherchait à se distinguer en soignant davantage ses toilettes et ses coiffures, tandis que Segunda, peu coquette, s'effaçait généralement dans le réconfort de sa ressemblance.


Segunda se dresse. Quelqu'un vient de sonner à la porte. Elle va jeter un oeil à travers le juda : une erreur, c'était pour la soirée du couple d'à-côté. Elle se prend maladroitement le pied dans le porte-parapluies de l'entrée et se retrouve face à son reflet dans la glace du portemanteau. Elle se recoiffe vers l'arrière maintenant son crâne dans l'étau de ses mains...



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