lundi 4 janvier 2010

10 - 3 : Prophétie



10 – 3


Assise, les jambes croisées, les mains impuissantes, je redoutais l’inconnu. Cette mise en scène malsaine m’inspirait de sombres pensées.

Qui avait bien pu faire cela ? Voilà à quoi se résuma le reste de l’après-midi, à chercher.

Quelqu’un qui préférait afficher son message aux yeux de tous plutôt que de prendre contact directement.

Quelqu’un qui avait travaillé en un temps record.

Qui ? Trop d’idées : pas d’idées.

La nuit était hantée par mon appréhension. Des lueurs folles venues de l’extérieur jouaient dans l’atmosphère épaisse de la chambre. Un silence rare et effrayant planait. Je me sentais épiée, traquée au cœur de la cible que pouvait être ma couche. J’enviais la sagesse des objets qui m’entouraient. Ils ne se laissaient pas happer par la crainte du mystère et du périssable. Sereins et présents, ils me renvoyaient mes émotions sans les partager. Ils m’obligeaient à relativiser l’événement. Au-delà du corps de l’objet vibre son âme silencieuse et complice de l’existence. Il assiste l’Univers sans le contrarier. L’objet n’est pas rebelle. Je le considérais tel un éveillé sous son apparente passivité. Il est composé de matières, il est traversé par le son, il bouge, il déménage, il est choyé ou délaissé : il vit. Or, quelque soit l’endroit où il est, l’attention qu’on lui porte, sa forme ou sa particularité, l’objet est utile. Qu’il aide au concret ou nourrisse le merveilleux, il sert sans manifester. L’objet est un allié qui n’envie rien aux praticiens de la méditation transcendantale, il devient indispensable sans jamais avoir marqué d’ambition personnelle. Il ne réagit pas même devant la mort, pourtant, et comme pour l’ensemble des créatures, un jour, il disparaît.


(.../...)

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