lundi 17 août 2009

10 - 23 : Prophétie


10 – 23




David avait mis de la musique. Il avait allumé des bougies. Mes tensions se décrispaient. Nous avons parlé. Nous avons dansé. Nous avons bénéficié d’indolence. Il me plaisait. Je le tentais. Monsieur couinait de temps à autre. David était mon amoureux surgi du néant. J’étais sa fiancée de dentelle. Monsieur avait renoncé à se plaindre et ronflait depuis peu en frisant les moustaches. Nous dégustions les prémices d’une union soudaine et exaltée. Il m’effleurait de son parfum qui s’émancipait à mon contact et se mêlait au mien afin de créer une intimité. Je me laissais bercer et surprendre, je le cajolais et le taquinais à mon tour.

- « N’as-tu pas faim ? »

- « Je te trouve si terrestre tandis que je ne songe qu’au ciel avec toi ! Si j’ai faim c’est de ton âme et de tes rondeurs. Je suis l’ogre de tes envies. »

- «Tu me trouves trop terre à terre. Est-ce la raison de ta lettre? »

- « Un jour, tu t’es résignée. Tu as accepté de vivre dans le monde dans lequel tu vis. Tu as vendu ton idéal pour t’insérer. Tu t’es payé une petite existence paisible et chiante. Sais-tu ce que prophétisait la Morrigu celtique ? Que la fin du monde viendrait de la confusion des saisons, de la corruption des hommes, de la décadence des classes sociales, de la méchanceté et du relâchement des mœurs. N’as-tu pas la conviction de vivre pareille époque ? Mais tu ne fais rien. Tu fais avec. Tu baisses la tête et tu attends un miracle comme on attend la mort. »


(.../...)

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