lundi 10 août 2009

10 - 24 : Prophétie


10 – 24




J’étais à la fois suffoquée par ses baisers et par ses mots qui m’assaillaient avec cruauté. Je le sentais puissant. Je le trouvais insoumis. Pourtant il faisait corps avec moi. Il suivait en ondulant le moindre mouvement. Il captait le moindre souffle. Il avait un comportement animal, indompté, spontané, élastique. Il me respirait à pleins poumons et ses joues s’arrondissaient de contentement.

- « Mais toi, que fais-tu pour changer les choses ? »

- « Je suis précisément ici afin de te l’expliquer. Je vais te sortir de ta routine. Je vais te faire vivre pour de bon. Grâce à moi, tu vas enfin concevoir la véritable valeur des choses. Tu vas te débarrasser de tes préjugés. Tu vas faire peau neuve bien que celle-ci soit exquise… »

Il y croyait alors je l’ai cru.

Malgré cela, d’un coup, il faisait terriblement gris. Le monde extérieur était opaque. David avait cessé de m’enlacer, il m’observait et un voile critique traversait son expression.

- « Quelque chose ne va pas ? »

Il s’était ridé comme accablé par son constat.

- « C’est toi qui ne vas pas… Tu es tellement flexible. Tu es prête à tout sans même savoir ce que tu attends, ce qui t’attend… »

J’avais fait mine de me rebeller, alors il avait froncé des sourcils menaçants. J’avais riposté en détournant la tête :

- « Veux-tu me dire ce que tu entends par ce qui m’attend ? »

- « Non car tu ne le mérites pas. Je te signale ton comportement abject de jeune adulte bêtement résignée et tu répliques avec une sincère obéissance, une niaise révolte, preuve que tu ne comprends rien à ce que je tente de t’expliquer. Qu’importe la révolte d’un autre, ce qui est important, c’est de la sentir vibrer aux tréfonds de soi cette impression que quelque chose ne va pas. Peux-tu la ressentir cette petite boule noire qui t’étouffe ? Cette pointe de vérité qui te tiraille : savoir que l’humain en toi n’est que rarement respecté. Tu dois comprendre que l’essentiel t’échappe, ta propre vie. Tu es conditionnée à ne connaître que des rêves à crédit. Ton existence est un petit budget. »




(.../...)

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