mardi 21 avril 2009

11 - 8 : 7 ans


11 – 8



Je ressens comme un vide tandis que me voici arrachée à la voix de ma mère. Je rouvre des yeux horrifiés comme à la sortie d’un cauchemar. Un homme se penche au-dessus de moi. Il me sourit, me dit que je suis une petite fille très courageuse. Mon sarcophage est si rigide qu’il ne me permet aucun mouvement. Seul mon front plisse d’inquiétude. Je me demande si je pourrais remarcher un jour, courir, sauter, danser, faire du poney. Des tubes transparents me parcourent, l’homme me fait une injection. Moi qui ai peur des piqûres, je ne redoute rien d’autre que la solitude. L’homme m’explique que nous survolerons bientôt Paris. Je retourne à la maison. Où sont mes parents ? Comment va Sabrina ? Je le regarde fixement en retenant mes larmes et d’un coup je recouvre la parole :

- « J’ai envie de faire pipi. »

L’homme commence par rire gentiment avant de s’approcher de mon oreille avec un air de connivence :

- « Tu n’as pas d’autre choix que de faire sous toi. Personne n’en saura jamais rien en dehors du personnel médical de l’hôpital Debré où nous n’allons pas tarder à te déposer. Ils te nettoieront dès ton arrivée. Crois-moi nous en avons l’habitude, n’aie aucun complexe. »

Il n’a pas fini sa phrase que ma pisse se déverse dans la boîte. Elle suit les vibrations de l’appareil qui amorce son atterrissage, elle remonte jusqu’à ma tête, me mouille les cheveux. Je sais que c’est dégueulasse pourtant cette chaleur organique me fait du bien. Pour quelques instants encore, avant qu’on me transfère aux urgences, je suis un bébé calé dans le ventre de sa maman, les sons me parviennent en sourdine et je ressens une sorte de refus de naître tant ce qui m’attend est source de stress.



(.../...)

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