lundi 20 avril 2009

11 - 9 : 7 ans


11 – 9



L’injection de morphine me confine désormais dans mes songes fœtaux. Je me souviens à peine de l’infirmière qui s’est occupée de me laver et de me shampouiner alors que j’étais allongée. Je dors. Je ne souffre plus. Je rêve d’hélicoptères posés tels des rangées de moineaux sur les fils électriques qui bordent les routes nationales, de lave-linge célestes, d’horizon qui disparaît. Je bouge dans mon sommeil, je remue autant que je peux, je cavale, je dévale, je m’emballe. Je crie à gorge déployée et les arbres se déplacent pour me voir. J’oublie le monde réel jusqu’au lendemain.

Arrivée tonitruante de mon père entre les murs d’un blanc sale de l’hôpital. Je me réveille. Je sais. Il est là, tout près. Je ne le vois pas encore que déjà je l’entends. Mon beau-père, sa mère et ses frères devaient l’attendre pour accueillir son bouquet de nerfs. Pour une première rencontre, l’occasion est tendue. J’imagine papa fonçant dans le tas, tête baissée, narines fumantes, poings serrés :

- « MAINTENANT QUE VOUS AVEZ FAILLI TUER MA FILLE, VOUS ALLEZ FISSA ME DIRE OÙ ELLE EST !!! »

Matthieu prend sa voix de médecin en joignant les mains dans un geste monacal :

- « Ne vous angoissez pas. Alix a été prise en main par l’un de mes amis, entre de bonnes mains. Elle n’a que d’importantes contusions au visage, le corps est indemne, quelques hématomes… »

Papa fulmine, rouge, vert puis blanc de rage. Ses yeux semblent vouloir se jeter hors de leurs orbites. Ses mains tremblent :

- « TU VAS ME DIRE OÙ EST MA FILLE !!!!!!!!!!! »




(.../...)

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